Participation de C.P. - "On se la raconte" - Novembre 2021


 

Ty’po accepta de les suivre mais en trainant un peu, la petite fleur un peu ratatinée dans sa poche.

 

« Qu’as-tu ? » demanda un des brigands ?

-«  Je me suis tordu la cheville plus tôt, je boite » répondit le jeune garçon.

 

Un peu plus loin sur le chemin, au bord d’une clairière tapissée de mousses fraiches, à peine éclairée par le ciel nocturne, il demanda du repos pour sa cheville et s’assit au pied d’un arbre pour retirer ses bottes. Il planta ses deux pieds dans l’humus au cœur des mousses vertes et s’adressa aux arbres en chuchotant « Aidez-moi ! ».

 

Quand ces brigands s’approchèrent pour lui faire reprendre la marche, le sol de la clairière se mit à onduler comme une rivière et les arbres sifflèrent et craquèrent si fort que les plus courageux des hommes reculèrent de plus d’une douzaine de pas.

Alors Ty’po se redressa dans ce vacarme et, enraciné au milieu des chênes et hêtres du bois qui vibraient, il tendit les bras et les yeux vers le ciel. Lentement il se fit arbre en s’étirant vers le haut des branches voisines.

 

Une nuée d’oiseaux, arrivés en volant de tous les coins de la forêt, s’approchèrent comme aimantés par lui. Ils étaient si nombreux que les mouvements de leurs ailes provoquèrent une tornade d’air et de plumes. Ty’po les regardait en tendant ses bras de bois. Cette tornade fit s’envoler la petite plante magique qui était posée dans ses branches et le vent l’emporta loin au-dessus de la forêt, vers les nuages puis de l’autre côté du pays. Il la fit redescendre délicatement jusqu’au château où elle entra par la fenêtre entrouverte et se posa délicatement devant la magicienne. Celle-ci fut stupéfaite, ne vit personne par la fenêtre sur le chemin du château ni aux environs, mais sans perdre de temps elle se mit au travail pour préparer le remède de la reine. Le vieux roi qui fut informé de cet évènement magique, et inquiet pour son fils, scruta toute la nuit l’horizon sous les étoiles.

 

Pendant ce temps-là, Ty’po était resté planté dans la forêt. Au bout d’un moment, les oiseaux s’étaient posés sur les arbres de la clairière et chantaient à tue-tête comme au petit matin, les mugissements des arbres et les secousses du sol de la forêt s’étant calmés aussi, les brigands revinrent prudemment, hache et armes au poing. Ils ne trouvèrent pas le jeune garçon et croyant qu’il s’était enfui dans le tumulte, partirent à sa recherche dans toutes les directions du bois. Un par un, ils se trouvèrent malmenés : quelques-uns chutèrent dans des fossés de terre qui s’ouvraient sous leurs pieds, d’autres trébuchèrent sur des racines qui sortaient du sol à leur arrivée, d’autres encore furent assommés par des vieux troncs secs qui tombaient sans avertir. Ils quittèrent ce bois tous très mal en point, jurant qu’il était maudit et que le fils du roi y avait sans aucun doute péri.

Mais Ty’po était bien vivant planté dans la terre, droit au milieu des arbres de la forêt et bercé par les chants des oiseaux posés dans ses branches. L’un d’eux lui avait rapporté des nouvelles de la petite fleur envolée donc il était rassuré pour sa mère et profitait de la clairière sous la lune en fin de nuit, si douce.

 

Au petit matin, un écureuil passa et, curieux de ce nouvel arbre qu’il ne connaissait pas, grimpa sur le tronc, il courut en tous sens sur les branches et ses petites pattes chatouillèrent Ty’po. Ses éclats de rires fissurèrent le tronc et son écorce tomba par morceaux sur les mousses du sol. Une famille de lombric se faufila entre ses racines, les rires augmentèrent encore et quand la pluie commença à tomber des nuages et glissa sur les feuilles, l’arbre s’ouvrit en deux et Ty’po en sortit. Il salua ses sauveurs, leur promit de revenir les voir et reprit le chemin du château sous le soleil du matin.

Une fois arrivé, on ne le reconnut pas immédiatement car l’enfant avait grandi de bras et de jambes, ses yeux et ses ongles avaient verdi, et de petites plumes dans ses cheveux lui tissaient une couronne multicolore. Mais son père le conduisit au chevet de sa mère presque guérie et ce fut une belle fête.

 

Et depuis ce jour, Ty’po conserve au creux du coude une petite tâche couleur d’argile et de mousse.

 

C.P. - Novembre 2021


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